L’AREPS

L’AREPS est une association loi 1901 pour la formation des soignants qui fut créée en 1975 par le Dr Michel SAPIR et ses collaborateurs, sous le nom d’AREFFS. Elle est affiliée à la Fédération des Associations de Psychothérapies Analytique de Groupe (F.A.P.A.G.).

À travers la relaxation psychanalytique méthode Michel Sapir, l’AREPS poursuit un triple but :
Formation, Qualification et Recherche.

Elle s’adresse à tous les soignants, c’est-à-dire tout professionnel de la santé, de l’éducation ou de la relation d’aide, confronté du fait même de son engagement professionnel aux questions ouvertes par sa pratique.

Ses animateurs, médecins, psychologues, psychothérapeutes, tous de formation psychanalytique, sont des cliniciens confirmés, engagés de longue date dans des pratiques professionnelles diversifiées   universitaires, hospitalières, institutionnelles ou libérales.
Le corps, le groupe et la théorie psychanalytique fondent la spécificité de l’AREPS et constituent les références de sa formation (formation à la relation soignant-soigné).

Michel Sapir

Michel Sapir

L’AREFFS a été déclarée comme « Association loi 1901 » en 1975.
Dès 1960, le Docteur Michel SAPIR et ses premiers collaborateurs ont initié à l’ hôpital Rothschild (Paris), dans le service du Docteur Ch. BRISSET, une pratique puis une formation à la relaxation d’inspiration psychanalytique.
Parallèlement se mettait en place le premier groupe Balint de médecins, animé par les Dr SAPIR et BRISSET puis COHEN-LEON.
En 1981, avec le départ en retraite du Dr BRISSET, le Dr SAPIR et son équipe quittèrent l’hôpital Rothschild et ouvrirent un centre de consultation et de psychothérapie dans le 18ème arrondissement. Ce centre Balint sera aussi le siège de l’AREFFS et de ses activités de formation pendant 20 ans.
Actuellement, après la fermeture du centre, l’AREPS continue ses activités de formation (relation soignant-soigné et thérapeute en relaxation).

L’Association AREFFS  a généré l’AREFFS-FMC devenue l’AFB (Association de Formation Balint) qui propose des séminaires ponctuels reconnus par l’OGC et un séminaire annuel pour médecins et autres soignants à Annecy.
Ce séminaire annuel francophone, qui fonctionne depuis 1971, propose aux professionnels de santé de différents pays (Italie, Belgique, France, Suisse et Québec) quatre jours consécutifs de travail centrés électivement sur les cas apportés par les participants — méthode des cas — en Grands Groupes (méthode Michel Sapir et coll.), Petits Groupes (méthode Michael Balint), et Groupes de Psychodrame Balint (méthode Anne Cain). En option des séances de relaxation sensibilisent les participants à l’impact de la parole sur le corps et à l’importance des échanges non verbaux (méthode Michel Sapir).

Histoire des relations et filiations entre Société Médicale Balint, Association Internationale du Psychodrame Balint, Association de Relaxation Psychanalytique Sapir (AREPS) et Association de Formation Balint

 

Michel Sapir est né en 1915 à Moscou. Arrivé à Paris à 18 ans, il y commence des études de médecine, participe à la Résistance dans le Midi puis entreprend une pratique de médecine générale avant de développer un intérêt jamais démenti pour les liens psyché-soma.
Ses travaux et ses recherches, en effet, se construisirent et s’appuyèrent sur son approche de ce qui se passe entre le corps et la parole à travers la relaxation et sur l’étude de la relation soignant-soigné à travers les travaux de Michael Balint. Les groupes de relaxation, avec cette prise de conscience nouvelle et étonnante de l’approche du corps, et les groupes Balint furent le véhicule vivant de sa réflexion. Sa formation psychanalytique constitua toujours un point de référence et un cadre à ses recherches et à sa pratique.

La rencontre avec la relaxation

Dans  les années 50, Michel Sapir et ses deux collaborateurs, François Reverchon et René Philibert, ont en charge quelques lits dans le service de néphrologie du Professeur Wolfrom à l’hôpital Rothschild à Paris.

C’est une période très riche où la psychiatrie commence à s’ouvrir avec le début de l’ère des psychotropes (Largactil) et un intérêt nouveau pour le discours des patients. Face aux différentes pathologies auxquelles ils sont confrontés, dont des troubles fonctionnels, il leur est demandé d’expérimenter les cures de sommeil dans l’hypertension ; elles n’auront qu’une efficacité relative. Ils sont rapidement sensibilisés à l’aspect psychologique du discours des patients et à son importance.

Puis le Docteur Charles Brisset ouvrira dans ce même hôpital une « consultation porte » de psychiatrie à orientation psychosomatique. Ce fut la première à exister dans un hôpital général. Michel Sapir et Victor Gachkel furent ses assistants. C’est dans ce contexte, en 1954, qu’arrivera dans le service un jeune interne suisse à orientation psychosomatique Félix Labhardt. Il a appris, en Allemagne, auprès du docteur Johannes Heinrich Schultz, le Training Autogène. Il leur en parle, les initie à cette méthode et leur montre comment l’utiliser avec leurs patients.

C’est un tournant décisif pour la carrière de Michel Sapir et de ses collaborateurs. Il rencontrera d’autres praticiens de cette technique : les  strasbourgeois Th. Kammerer et R. Durand de Bousingen. À cette même époque, Julian de Ajurriaguerra introduisait une autre méthode de relaxation d’emblée plus imprégnée par la psychanalyse et très axée sur les variations du tonus musculaire.

Michel Sapir créa, en 1960, le premier enseignement de la relaxation à l’hôpital Cochin avec la participation des praticiens des différentes méthodes.

Les bouleversements et les ouvertures

La fin des années 50 est marquée par trois évènements et deux apports fondamentaux. 

a) Les  événements

  • M. Sapir constitue avec L. Chertok (qui a réintroduit l’hypnose en France) et avec P. Aboulker la Société de Médecine Psychosomatique.
  • Ces trois praticiens vont fonder, en 1959, la Revue de Médecine Psychosomatique (qui, en 1995, deviendra : Champ Psychosomatique).
  • M. Sapir fait la connaissance de J.H. Schultz dont il deviendra le correspondant à Paris.

b) Les apports fondamentaux

-  La maîtrise, l’apprentissage, la suggestion et la codification importante du Training Autogène constituent des limites pour l’équipe de M. Sapir. La première évolution sera marquée par une nouvelle méthode de relaxation : le Training Autogène Psychologisé. Les formules sont plus longues, moins codifiées, laissant davantage de place à l’imaginaire et à la créativité du relaxateur et il est laissé un temps plus grand au patient  pour exprimer son vécu.

–  En 1960, c’est l’arrivée en France de la pensée de Michaël Balint révélée par son livre : « Le médecin, le malade et la maladie » (traduit par J‑P. Valabrega). La méthode dite des « groupes Balint », pratiquée à la Tavistock Clinic (inaugurée en France autour de E. et G. Rimbault) va être le véritable tournant. Elle transforme la compréhension de la relation soignante et permet la formation des médecins à cette approche.

L’ « École Sapir »

Michel Sapir impulse par sa personnalité un mode de travail, de collaboration, d’échanges originaux dans des groupes de formation à la fonction soignante. Il s’adresse à différentes professions soignantes, ce qui est inhabituel à cette époque. Cet esprit nouveau fonde ce qu’on pourrait appeler l’« école Sapir » dont les fruits et les effets construisent et enrichissent la relaxation.

La naissance de la RIV

Et c’est à partir de là que tout un travail s’accomplit qui va présider à la naissance de ce qui allait devenir la « Relaxation à Induction Variable » (RIV). En effet, au fil des années, les dénominations se succèdent : « relaxation de sens psychanalytique », « à inductions multiples », puis « variables » ; et enfin « variable » (au singulier).

L’appellation actuelle est : « Relaxation psychanalytique méthode Sapir ».

Ces appellations différentes traduisent le travail et l’évolution de la pensée de M. Sapir et de ses collaborateurs. Toutes insistent sur la dimension d’ouverture ou « découvrante » de la technique visant à la mise à jour des conflits et de la dimension inconsciente par opposition aux méthodes « couvrantes » qui visent seulement à l’apaisement des tensions.

Il ne s’agit plus de la technique de Schultz, mais d’une transformation dans une optique psychanalytique. La séance peut se décrire ainsi : il y a des inductions (parole et toucher) de la part du relaxateur, un temps de silence au cours duquel le patient est invité à se mettre à l’écoute de ses sensations, images, pensées et associations, puis un temps de parole pour le patient afin de mettre en mots le ressenti de son corps et de la relation dans un échange avec son analyste relaxateur, dans le cadre d’une relaxation individuelle ou avec les analystes animateurs et les autres participants dans le cadre d’une relaxation en groupe. C’est cela la « méthode Sapir ».

L’AREFFS

L’aboutissement des bases de ce cheminement, sa richesse, son dynamisme entrainent, en 1975, la création de l’AREFFS (Association de Recherche, d’Etude et de Formation pour la Fonction Soignante), lieu de formation pour les soignants à travers la relaxation, le groupe Balint et le psychodrame Balint (mis au point par Anne Caïn). Michel Sapir et ses collaborateurs animèrent de 1981 à 2001 le Centre Balint, dispensaire de soins original qui abrita l’AREFFS et ses activités de formation. L’AREFFS est un cadre institutionnel où vont continuer à s’élaborer clinique et théorie de la relaxation. Cela reste un lieu d’échanges, de recherche et de réflexion pour les formateurs et les praticiens autour de leur pratique. Recentrée sur la relaxation psychanalytique, elle se nomme maintenant AREPS.

Les séminaires de formation

Michel Sapir créa également, à Divonne puis à Annecy, des séminaires résidentiels de formation dans la ligne du séminaire créé par Balint en Suisse. Tout un dispositif d’alternance de grands et de petits groupes de cas avec la possibilité d’une sensibilisation à la relaxation et au psychodrame Balint permet au soignant de mieux percevoir son vécu de la relation. Les théories de D. Anzieu et du CEFFRAP ont éclairé la compréhension de ces phénomènes de groupe.

Michel Sapir a eu le courage de représenter et d’intégrer le fait du corps dans le paysage psychanalytique. Il a offert aux soignants la possibilité de s’intéresser, dans la maladie, à cette dimension inconsciente agissant tant dans la relation du malade à son corps que dans la relation soignant-soigné.
La relaxation  psychanalytique en est une approche importante et un processus vivant avec lesquels il a pu et su maintenir des questionnements, une pratique et un enseignement.

Une biographie de Michel Sapir :
Note de lecture de Monique Londiche
LE CORPS EN RELATION, Simone COHEN-LEON, Editions Eres 2003

 

Jean-Pierre Lehmann, psychiatre psychanalyste et relaxateur, est décédé le 13 mai 2020.

Il avait été  président de l’AREPS (encore alors dénommée AREFFS) et directeur du centre Balint, seul CMP ou se pratiquaient des groupes de relaxation, et lieu de formation pour les médecins psychiatres.

Il fut aussi membre et président du Cercle Freudien.

Il était un grand théoricien et un clinicien innovateur et nous a aidés à théoriser notre approche clinique de la relaxation, à la suite de Michel Sapir. Il fut un acteur important  de sa transmission et de notre formation.

Il a été le psychanalyste ou le superviseur de plusieurs membres de l’AREPS. Pour d’autres, il a été un collaborateur et un ami. Il a quitté l’association il y a de nombreuses années, mais il est revenu lors de notre colloque « Rêveries ». Il y a parlé de la signification du mot « rêverie » pour Winnicott. Ce fut probablement une de ses dernières interventions et nous avons été nombreux à être non seulement intéressés par sa présentation, mais aussi  très touchés par  sa présence.

C’était un grand connaisseur de la théorie winnicottienne qui lui a inspiré l’écriture de plusieurs livres. Sa clinique psychanalytique était empreinte de l’engagement actif que Winnicott avait pour ses patients, dans le contre-transfert, lorsqu’il ressentait la nécessité d’être au plus près du besoin de son patient. Il fut aussi très intéressé par l’approche clinique des patients psychotiques par Marion Milner et Margaret Little.

Sa formation lacanienne et son intérêt pour la clinique de Winnicott lui ont permis, en faisant référence à des théories différentes mais pour lui complémentaires, d’être au plus près d’une juste écoute de ses patients.

Son parcours fut très riche et varié, passant par la théologie, la philosophie, l’intérêt pour la sorcellerie et les états de transe en Afrique où il a exercé en tant que médecin.

Il fut une figure importante de l’association et nous avons tous le souvenir de sa grande bienveillance.

Le Cercle Freudien lui a rendu un très bel hommage sur oedipe.org :
https://www.oedipe.org/annonces/20200517/oedipe-info-deces-de-jean-pierre-lehmann-hommage-de-patrick-chemla

Bibliographie de Jean-Pierre Lehmann :

  • La clinique analytique de Winnicott, De la position dépressive aux états-limites, Érès, 2007
  • Développements de la clinique de Winnicott, Avatars des régressions et masochisme féminin, Éres, 2007
  • Comprendre Winnicott, Albin Michel, 2009
  • Marion Milner et Margaret Little, Actualité de leur travail avec les psychotiques, Éres, 2012

Simone COHEN-LÉON nous a quittés le 1er octobre dernier.

 

Nous perdons avec elle un pilier de l’AREPS. Elle fut l’une des fondatrices de notre méthode de relaxation psychanalytique aux côtés de Michel Sapir puis témoin et actrice de plus de soixante ans d’histoire de notre institution.

À côté de son engagement dans la relaxation Sapir, elle était aussi une praticienne active de la méthode Balint, très attachée à la formation des soignants et tout particulièrement à la place du corps dans la relation soignant-soigné.

Elle avait à cœur de transmettre l’histoire mais aussi son expérience clinique et nous savions que nous pouvions à tout moment faire appel à elle pour des conseils, des supervisions ou des questions cliniques. Elle était toujours très ouverte, prête à transmettre sans aucun dogmatisme ; elle échangeait et partageait avec la rigueur qui était la sienne mais surtout avec la chaleur, l’énergie et la grande ouverture aux autres qui la caractérisaient.

Dans les échanges que nous avions avec elle et lors de ses interventions dans nos séminaires cliniques, elle était à la fois l’ouverture et l’exigence, l’ancrage, la référence et la justesse de ton.

  • ABOULKER P., L. CHERTOK, M. SAPIR, La Relaxation (Rééducation psychotonique) Aspects théoriques et pratique. ESF Editeur (1964 ).
  • BALINT M., Le médecin, son malade et la maladie. Paris, Payot. (1968).
  • BALINT M., Le défaut fondamental, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2006
  • BALINT M., Amour primaire et technique psychanalytique, Payot, 2001
  • COHEN-LEON Simone.  Le corps en relation. Paris. Eres 2003
  • CAIN A. Le psychodrame Balint. Méthodes, théorie et applications. Grenoble, La Pensée Sauvage.(1994).
  • MEYER M.,  LONDICHE  M., DREYFUS M. : Entre mots et touchers, le corps en transfert.  La pensée sauvage
  • POTEL C., Du contre-transfert corporel, Une clinique psychothérapique du corps, Érès, 2015
  • POTEL C., « Miroir, miroir, quand tu les tiens ! Le groupe de relaxation, une aide à la symbolisation ? », in Groupes et symbolisations, ouvrage collectif sous la direction de H. CHAPELLIERE et D. ROFFAT, Érès, 2019
  • REVERCHON F., M. MEYER, Psychanalyse et Relaxation autour de la chronique d’un groupe. ESF Editeur, Coll. Psychothérapie, Méthodes et cas. (1985 ).
  • SAPIR M. et coll., La Formation psychologique du médecin, Paris, Payot. ( 1972).
  • SAPIR M. et coll., La Relaxation : son approche psychanalytique, Dunod. ( 1975 ).
  • SAPIR M., Soignant-Soigné, le corps à corps, Paris, Payot. ( 1980 ).
  • SAPIR M. et coll., Les groupes de relaxation, Formation et thérapeutiques, Dunod, collection Inconscient et culture. (1985).
  • SAPIR M. (sous la direction de), Formation à la relation soignant-soigné, Ed. La Pensée sauvage.
  • SAPIR M. (sous la direction de), Formation et institutions soignantes, Ed. La Pensée sauvage.
  • SAPIR M., Nous sommes tous des psychosomatiques, Paris, Dunod. ( 1986).
  • SAPIR M. et coll., La Relaxation à inductions variables, Grenoble, La Pensée sauvage. ( 1993).
  • SAPIR M., Psychothérapie de relaxation chez l’adulte, EMC.
  • SAPIR M., La relation au corps, Dunod. (1996).

Présidents
Jean-Yves Levental & Catherine Potel

Secrétaire générale
Joëlle Villain

Trésorière
Malika Kèchkèche

Conseil d’administration
Lili Dehais
Sophie Lampel
Agnès Molard
Florence Pistre
Astrid Roustang Jeglot